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Cisseron
30 décembre 2008

Guerre à Gaza

verdun1916

A Verdun, le 21 février 1916, vers 7 h du matin, l'opération "Gericht" ("Tribunal") qui, selon son concepteur, Erich von Falkenhayn, cumulant son poste de chef d'état-major avec sa fonction de ministre de la Guerre, devait réaliser la percée tant attendue sur le front occidental, débute. Toutes les trois secondes, un obus lourd tombe sur la ville et ses environs. Pour écraser les français, 2 500 000 obus seront envoyés sur une zone dont la surface ne fait que quelques dizaines de kilomètres carrés. Ce sera la plus forte concentration d'artillerie jamais réalisée.

Mais les français ont résisté.

La détermination, le courage, la volonté de l'homme a été plus forte que la technologie.

Cette opération sera un échec pour l'armée allemande, malgré les 22 millions d'obus qui auront été envoyés sur le champ de bataille. Bien qu'elle provoqua la perte de 327 000 allemands et de 377 000 français, la guerre continua. De part et d'autres, les sacrifices et les souffrances étaient trop importants pour que les hommes politiques soient en mesure de changer le cours des évènements et de proposer de négocier la paix.

impact_bombe_sur_Gaza

A Gaza, le 27 décembre 2008, à 10 h 30, commence l'opération "plomb durci" : l'aviation israélienne bombarde des cibles considérées comme étant des installations du mouvement Hamas. A la fin de ce premier jour de l'opération israélienne, les frappes ont fait 228 morts et environ 700 blessés selon des sources hospitalières palestiniennes. Pour le gouvernement israélien, cette opération doit permettre de restaurer la sécurité en Israël, compromise par les tirs de roquettes en provenance de la bande de Gaza suite au non renouvellement de la trêve entre le mouvement Hamas et le gouvernement israélien.

Le 29 décembre 2008, les services d'urgence de Gaza font état de 310 morts et de 1420 blessés. Le même jour, une roquette tirée par le Hamas fait un mort et sept blessés à Ashkelon, en Israel.

A l'heure où j'écris, l'opération "plomb durci" continue encore. Je ne sais pas combien de temps cela durera, ni combien de victimes innocentes seront à déplorer après la fin de l'opération mais une chose est certaine : l'opération sera un échec.

Une des leçons que tout homme politique devrait tirer de la bataille de Verdun est que la technologie n'est pas la solution face à l'enlisement d'un conflit. C'est le cas de celui qui oppose le peuple palestinien et l'état d'Israël car cela maintenant soixante ans que cela dure.

Je retrouve dans cette opération actuellement menée par l'armée israélienne la même erreur que celle des personnes qui étaient à la tête de l'empire prussien. Erreur qui sera ensuite commise par le gouvernement français en 1917 quand le plan du général en chef Nivelle fut approuvé et conduisit à 35 000 tués et 130 000 hommes hors de combat, sur les champs de bataille de la Somme.

Rabin_et_Arafat

Je pense que le premier homme politique israélien à avoir compris cette leçon et à avoir eu le courage de le traduire dans son action est, sans doute parce qu'il a été un militaire avant d'être un homme politique, sans doute aussi parce qu'il a été confronté en tant que ministre de la défense à la première Intifada, Itzhak Rabin, signataire des accords d'Oslo en 1993 et assassiné deux ans après par un extrémiste juif.

Il y a trois citations que Wikipédia a reproduit dans l'article qui lui est consacré et que je reproduit ici car je pense que ses successeurs devraient s'en inspirer :

  • Il faut combattre le terrorisme comme s'il n'y avait pas de négociations, et négocier comme s'il n'y avait pas de terrorisme. »
  • « La Bible n'est pas un cadastre. »
  • « Sans un accord pour l'eau, il n'y aura pas d'accord.»

Il serait injuste de dire que tous les hommes politiques israéliens n'ont pas compris la justesse de ces trois affirmations. Certains le savent bien mais, par pur intérêt politicien, ils préfèrent flatter leur électorat, dire que le grand Israël est toujours possible et que les problèmes de sécurité finiront par être résolus grâce aux capacités de l'Armée. Cependant, l'ancien général Ariel Sharon, après avoir sapé le processus de paix initié par les accords d'Oslo, semble avoir compris les leçons du passé mais en cherchant à en donner le moins possible aux palestiniens puisqu'il proposa de morceler le futur état en deux territoires : la bande de Gaza et une partie de la Cisjordanie. Le résultat est que chaque territoire a ses chefs et qu'Israël n'a plus d'interlocuteur unique comme dans le passé.

Est-ce que cela signifie que toutes les maladresses et les incohérences sont uniquement du côté israélien ? Je ne le pense pas. En effet, la grande erreur de Yasser Arafat fut de refuser les propositions territoriales faites au sommet de Taba, au début de l'année 2001. Il n'a pas compris qu'il n'était pas en mesure d'imposer d'avantage de concessions aux Israéliens et qu'il n'y aura pas une deuxième opportunité pour le peuple palestinien avant longtemps. Il n'a pas compris qu'il devait mettre tout son poids historique face à ses opposants, c'est à dire les mettre au pieds du mur en démissionnant, provoquer des élections anticipées et faire acte de candidature afin de légitimer le traité qu'il aurait signé. Il n'a pas eu cette audace et ce fut le début du déclin pour lui car il n'avait plus rien à proposer au peuple palestinien.

En attendant un changement dans les esprits et que de nouveaux hommes politiques d'envergure arrivent au pouvoir, le pauvre peuple de Gaza n'a pas fini de souffrir dans sa chair. Les Israéliens qui sont à portée de tir des roquettes du Hamas sont à plaindre aussi mais le niveau de souffrance n'est pas le même car ils n'ont pas les problèmes d'alimentation et les problèmes sanitaires de la bande de Gaza. D'ailleurs, il est bien dommage que les journalistes occidentaux ne peuvent plus aller à Gaza pour se rendre compte de la situation.

Puisse la trêve proposée par l'Europe qui a connu les drames affreux des guerres mondiales du 20ème siècle (et dont j'ai rappelé l'une des batailles les plus sanglantes) être acceptée par les belligérants afin que les hommes puissent réfléchir à leur avenir.

ossuaire_de_douaumont

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Commentaires
C
Il est certain que la différence de religion est un facteur qui augmente la dureté d'un conflit et rend plus difficile la recherche d'une solution de paix. Espérons que dans les deux camps les modérés finiront par l'emporter sur les extrémistes car les Israéliens et les Palestiniens sont destinés à vivre ensemble.
E
Lorsque des islamistes s’en prennent à d’autres musulmans, les musulmans du monde entier ne bronchent pas. Mais quand des non-musulmans s’en prennent à des musulmans, cela devient tout à coup un crime inexpiable
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