Nabot Léon
Que peut-il ? Tout. Qu'a-t-il
fait ? Rien.
Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie
eût changé la face de la France, de l'Europe peut-être.
Seulement voilà,
il a pris la France et n'en sait rien faire.
Dieu sait pourtant que le
Président se démène :
il fait rage, il touche à tout, il court après les
projets ;
ne pouvant créer, il décrète ;
il cherche à donner le change
sur sa nullité ;
c'est le mouvement perpétuel ;
mais, hélas !
cette
roue tourne à vide.
L'homme qui, après sa prise du pouvoir
a
épousé une princesse étrangère est un carriériste avantageux.
Il aime
la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne,
ce qui brille,
toutes les verroteries du pouvoir.
Il a pour lui l'argent, l'agio, la
banque, la Bourse, le coffre-fort.
Il a des caprices, il faut qu'il les
satisfasse.
Quand on mesure l'homme et qu'on le trouve si petit
et
qu'ensuite on mesure le succès et qu'on le trouve énorme,
il est impossible
que l'esprit n'éprouve pas quelque surprise.
On y ajoutera le cynisme car,
la France,
il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave,
la nie,
l'insulte et la bafoue !
Triste spectacle que celui du galop, à travers
l'absurde,
d'un homme médiocre échappé.
Ce texte n'est pas de moi.
Contrairement aux apparences, il ne fait pas allusion à Nicolas Sarkozy.
Non, il s'agit d'un extrait de "Napoléon le Petit" écrit par Victor Hugo en 1852 au sujet de Louis Napoléon Bonaparte qui allait devenir Napoléon III avec la proclamation du Second Empire.